Obésité : Mon poids, mon microbiote

Dans cet article :

Lamia Zinaï, diététicienne nutritionniste spécialisée en microbiologie, vous explique le rôle essentiel joué par le microbiote dans la physiologie de la régulation du poids. Elle nous explique comment la qualité de notre flore intestinale a un impact sur notre poids dans les deux sens : Le microbiote agit sur le poids et le poids intervient sur le microbiote.

Metavers Surpoids et Obésité - Mon poids, mon microbiote

Qu’est-ce que le microbiote ?

Nous avons plusieurs microbiotes : cutané, buccal, pulmonaire, vaginal et intestinal. Le microbiote intestinal qui est le plus connu pèse 2 kilos et contient :

  • 100 000 milliards de microbes ;
  • 40 000 bactéries ;
  • 200 – 250 espèces différentes de virus, de champignons, de levures ;
  • Des millions de gènes.

Tous ces micro-organismes communiquent entre eux et avec notre corps d’une manière synergique qui impacte notre santé.

Le microbiote : d’où vient-il ?

L’empreinte du microbiote apparaît chez le nouveau-né à la naissance.

  • Si la naissance se fait par voie naturelle, le bébé va avoir un microbiote semblable au microbiote vaginal de la mère riche en lactobacilles.
  • Si la naissance se fait par césarienne, le bébé va avoir un microbiote riche en staphylocoques ou en streptocoques, des bactéries qui sont présentes sur la peau de la mère ou dans l’environnement extérieur.

Les premières bactéries sont ingérées et descendent dans le tube digestif pour arriver dans le colon. Le gradient se fait assez rapidement puisque l’estomac est très acide tandis que le reste de l’intestin contient moins d’oxygène.

Selon que le bébé est allaité ou qu’il a reçu un lait maternisé, le microbiote va évoluer différemment. Puis les aliments vont remodeler le microbiote du jeune enfant à partir du quatrième mois jusqu’à ses 3 ans au fil de la diversification alimentaire.

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De nombreux facteurs influencent la qualité du microbiote :

  • Une alimentation saine et variée.
  • L’activité physique.
  • Le stress (il existe des psycho-bactéries).
  • La qualité du transit (un des critères d’évaluation d’un déséquilibre alimentaire).
  • Prise de certains médicaments (antibiotiques, corticoïdes, anti-inflammatoires).
  • L’environnement (un milieu trop aseptisé crée des résistances par exemple chez des patients immunodéprimés).

A quoi sert le microbiote ?

Le microbiote a plusieurs fonctions :

  • Garant de l’immunité grâce à la régulation de la barrière intestinale.
  • Sécrétion de vitamines (B12, 6 et 9, K) : Une carence en vitamines peut engendrer par étapes une problématique de surpoids en impactant le métabolisme ou en faisant dysfonctionner la thyroïde.
  • Digestion des fibres qui facilitent le transit et d’autres aliments (protéines, glucides complexes).
  • Aide à la synthèse humorale (hormones, neuro-transmetteurs comme la sérotonine, la dopamine …).
  • Fabrique des molécules énergétiques très importantes comme les acides gras à courte chaîne (AGCC) qui joue un rôle dans le stockage des graisses. Les patients qui ont des flores intestinales dérégulées ont des difficultés à perdre du poids même en ayant de très faibles apports alimentaires.

L’intestin notre deuxième cerveau ?

Le système digestif est entouré d’un système neuronal moins important que celui du système nerveux. Les bactéries du microbiote qui communiquent entre elles ne peuvent donc pas prendre de décisions et remplacer le cerveau.

Il y a le cerveau, il y a les neurones qui sont autour du tube digestif et entre ces deux entités, il y a les bactéries qui fabriquent les molécules qui communiquent entre elles (les métabolites). Ce sont ces molécules qui sont ciblées dans le développement de médicaments ou de tests prédictifs, par exemple pour dépister un cancer du côlon.

L’obésité est une maladie multifactorielle

L’obésité est difficile à traiter car de nombreux facteurs interviennent dans son apparition :

  • La génétique a une part importante qu’on soit un homme ou une femme.
  • La manière dont on va gérer la dépense énergétique et toute la régulation du métabolisme énergétique.
  • L’aspect psychologique.
  • La qualité du sommeil.
  • Le sport (dépense énergétique).
  • Est-ce qu’on a eu des traitements antibiotiques ou d’autres médicaments qui ont dérégulé le microbiote ?
  • La qualité de la flore intestinale.

Une étude a montré que les patients en situation de surpoids ou d’obésité ont un microbiote complètement différent des personnes qui ont un poids stable. Lors d’expériences en laboratoire, on a inséminé des souris avec des microbiotes de patients atteints d’obésité et on a constaté que la souris prenait du poids et pouvait même devenir obèse.

Comment sait-on si on un bon microbiote ou pas ?

Il y a des petits signes qui peuvent appeler à consulter son médecin généraliste s’il est formé ou un gastro-entérologue et/ou un médecin nutritionniste.

  • Je suis très fatigué.
  • J’ai un transit qui est très dérégulé : Je suis très constipé, j’ai des phases d’accélération du transit, j’ai une digestion difficile, je souffre d’acidités.
  • Je fais beaucoup reflux gastro-œsophagien.
  • J’ai une baisse de moral.
  • J’ai une prise de poids.
  • J’ai une mauvaise qualité de peau.

Quelles sont les solutions pour améliorer le microbiote ?

  • L’activité physique : Quand on pratique du sport, le corps fabrique des molécules positives qui agissent sur le microbiote.
  • Avoir un bon sommeil : Ne pas s’exposer aux écrans, lire un peu avant de s’endormir.
  • La nutrition : Tous les aliments sont intéressants à partir du moment où ils sont sains.
  • Les prébiotiques (aliments fermentés, inuline) nourrissent nos bactéries.
  • Le stress : Il faut gérer son stress avec des techniques d’accompagnement type hypnose ou méditation.
  • Pas d’antibiotiques quand on peut y échapper.

Quelle alimentation pour avoir un bon microbiote ?

  • Manger varié, coloré : Les légumes colorés contiennent des polyphénols, des molécules antioxydantes, des omégas 3, des fibres.
  • Faire en sorte d’avoir une alimentation globale la plus saine possible qui n’est évidemment pas un régime restrictif.
  • A éviter : Les aliments ultra transformés, les additifs, les édulcorants, les conservateurs qui entraînent certaines maladies comme la maladie de Cohn, les antibiotiques.

Les aliments intéressants pour le microbiote sont ceux qui contiennent des bactéries, par exemple tous les aliments fermentés (choucroute, keffieh, le tempeh, le tofu). Il ne faut pas oublier que l’on a une génétique propre et qu’il faut aussi faire attention à ne pas trop brouiller les pistes mais rester dans son ADN alimentaire (le chou, les poireaux, les artichauts, la betterave).

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