La clinique des Champs-Elysées ouvre un établissement à Dubaï. Elle veut toucher la clientèle d’influenceurs installés dans la capitale émiratie, tout en multipliant les ouvertures en France. Sylvie An, journaliste au Journal du Dimanche retrace la stratégie entrepreneuriale de Tracy Cohen Sayag, la directrice générale de ce groupe en forte croissance.
Ce n’est pas l’adresse la plus visible des Champs-Elysées. Un immeuble anonyme dont les cinq étages accueillent pourtant chaque semaine des centaines de clients pour des soins de médecine et de chirurgie esthétiques. L’entreprise créée il y a trente ans, a connu son heure de gloire. Puis des années noires, au point d’être engagée dans un plan de redressement sur dix ans. C’est malgré tout une marque qui commence à rayonner dans toute la France et, depuis peu, à l’international.
A chaque fois la même stratégie d'implantation
La Clinique des Champs-Elysées a ainsi ouvert en toute discrétion, fin septembre, une première antenne à Dubaï. Cette implantation osée reflète la transhumance d’une clientèle qui lui est devenue indispensable : les égéries d’Instagram ou d’ailleurs, suivies par des centaines de milliers de jeunes sur les réseaux sociaux. Pour se redresser, l’établissement parisien à l’image vieillissante se devait d’aller chercher les moins de 35 ans, qui représentent la majorité des clients de l’esthétique. Dubaï lui offre désormais une vitrine idéale pour toucher sa nouvelle cible.
Parallèlement, son réseau se développe en France : Lille et Nice ont depuis peu leur propre Clinique des Champs-Elysées. Bordeaux est la prochaine sur la liste, avec un lancement début fin octobre. Cinq autres centres ouvriront, de Toulouse à Lyon, en 2022. A chaque fois, une recette identique : un plateau médical consacré à la médecine esthétique, un bloc pour la chirurgie, des équipements de dernière génération pour des soins de la peau, des cheveux, des dents ou des parties plus intimes.
Les clients sont prêts à débourser de 600 à 1200€ par séance pour des soins qui vont généralement se multiplier, assurant des revenus récurrents. La Clinique des Champs-Elysées prévoit ainsi d’assurer cette année près de 80 000 rendez-vous. Elle a retrouvé l’équilibre en 2015 et se dirige droit vers les 22 millions d’euros de chiffre d’affaires.
L'équilibre retrouvé en 2015
La directrice, Tracy Cohen Sayag est l’une des six filles du Dr. Cohen, le fondateur. A 23 ans, elle s’était en tête de reprendre et de redresser l’entreprise familiale. « Nous sommes repartis de zéro », explique cette femme de chiffres, passée par la banque d’affaires. Son plan repose sur quelques constats simples. Les actes de chirurgie lourde qui avaient fait de la Clinique des Champs-Elysées l’une de plus grosses d’Europe, ne génèrent que de maigres marges. Leur faible croissance et une concurrence agressive ont poussé l’établissement vers la médecine esthétique qui représente aujourd’hui 65% de ses recettes.
Tracy Cohen Sayag souhaite reprendre sa place sur un marché de l’esthétique en croissance où les rivalités changent de dimension : plusieurs pays « low cost » comme la Tunisie ou la Turquie en siphonnent une partie. En Europe, des groupes de cliniques privées dont l’allemand M1, consolident pour leur part de solides positions. La Clinique des Champs-Elysées, une fois sortie de son plan de redressement, veut compter au nombre de ces puissants acteurs.