Le recours à la chirurgie esthétique semble redoubler depuis la sortie du confinement. Simple rattrapage ou nouvelle donne liée à l’effet miroir des webcams et aux masques ?
La journaliste Sophia Khatsenkova du journal Le Parisien a mené l’enquête et interviewé Tracy Cohen – Sayag, la directrice de la Clinique des Champs-Elysées à Paris, l’un de plus gros centres de la capitale et à Lille, sur ce nouveau phénomène de société.
Tracy Cohen -Sayag explique avoir enregistré dans ses établissements une hausse de 30% pour les demandes de rendez-vous depuis mai. A titre de comparaison : avant le confinement, c’est le mois de novembre 2019 qui comptabilisait le plus de rendez-vous effectués pour la chirurgie esthétique (627). En juin, ce nombre a augmenté jusqu’à 935.
Pour la médecine esthétique (procédures moins invasives comme les injections de botox ou d’acide hyaluronique, ne nécessitant pas de passage au bloc opératoire), le nombre de rendez-vous qui plafonnait à 3863 en février vient de grimper à 4402.
Les procédures les plus demandées ? Les injections de botox en médecine esthétique et la liposuccion, les prothèses mammaires et le lifting du visage en chirurgie.
« Au début, je pensais que c’était un rattrapage post-confinement mais l’augmentation est impressionnante ces dernières semaines », s’étonne Tracy Cohen – Sayag.
Qui sont les patients ? selon la directrice, les personnes âgées de plus de 35 ans sont le plus nombreuses à se bousculer au centre. La tranche inférieure, 25 à 35 ans, est aussi très demandeuse et la hausse est constante depuis plusieurs années. La part des jeunes dans la clientèle a augmenté de 8% en 2010 à 60% en 2020. « C’est une tranche d’âge plus connectée aux réseaux sociaux et moins complexée par le fait d’avoir recours aux procédures de chirurgie esthétique », estime la directrice.
Les écrans ne sont d’ailleurs pas étrangers à ce boom de la chirurgie esthétique pour les observateurs. « Pendant le confinement, les gens étaient en télétravail en visioconférence. « Pour beaucoup d’entre eux ils n’étaient pas habitués à se voir toute la journée sur leur écran. Certains ont développé une image négative de leur apparence en remarquant tous leurs petits défauts qu’ils ne voyaient pas auparavant », explique la responsable du centre.
Le phénomène est connu et a même un nom, le « Zoom-Face Envy ». Les personnes qui ne sont pas satisfaites de ce qu’elles voient sur leurs écrans veulent améliorer leur apparence avant de retourner sur leur lieu de travail ou de reprendre une vie sociale.
Autre élément d’explication : « Dans cette période où le port du masque et la distanciation sociale sont fortement recommandés (voire obligatoire), le timing est idéal pour ne pas se faire remarquer par ses collègues », nous explique Tracy Cohen – Sayag.
Les patients peuvent ainsi se faire opérer et se reposer à la maison en télétravaillant. Discrétion assurée !