La France interdit des prothèses mammaires liées à un risque de cancer
Quatre mois après les révélations de l’enquête « Implant Files », l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé l'interdiction de mise sur le marché, la distribution, la publicité et l'utilisation des prothèses macrotexturées en silicone et des implants en polyuréthane.
L’agence explique que cette décision de police sanitaire a été prise « au vu du danger rare mais grave » que posent ces implants, soit « l’augmentation significative » des cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) depuis 2011. Le LAGC, écrit l’ANSM, « est une pathologie cancéreuse rare, mais susceptible de conduire au décès des patientes ».
A ce jour, 53 cas de femmes atteintes de LAGC sont confirmés en France sur 500.000 femmes porteuse d’implants mammaires et trois sont décédées. A l’échelle mondiale, le nombre de cas répertoriés en février 2018 est de 600 environ sur 40 millions de femme porteuses d’implants.
L’ANSM a donc fait jouer le principe de précaution en privilégiant la sécurité des femmes qui souhaitent faire une augmentation mammaire.
L’interdiction est effective à partir du vendredi 5 avril.
Six fabricants sont concernés : Allergan, Arion, Sebbin, Nagor, Eurosilicone, Polytech.
Quels implants mammaires sont visés par la décision de l'ANSM ?
Seules les prothèses qui ont une enveloppe en polyuréthane ou en silicone macrotexturé sont interdites.
Les implants mammaires en silicone sont classifiés en fonction de l’aspect de la pellicule qui les entoure : lisse ou texturée. Et parmi les prothèses texturées, on distingue celles qui ont une pellicule microtexturée ou macrotexturée selon le degré de rugosité.
L’ANSM n’a donc pas opté pour la solution la plus radicale, qui aurait consisté à interdire en bloc tous les implants mammaires texturés.
« Cette décision va dans le sens de nos recommandations » se félicite le Dr Jacques Saboye, président de la Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique. « Cela va offrir une plus grande sécurité pour les patientes et ne va pas pour autant stopper la chirurgie esthétique », assure-t-il réfutant les propos de certains de ses confrères qui évoquent « un bond en arrière ». « Les prothèses macro-texturées nous ont rendu de grands services mais il ne faut pas dire aux patientes que désormais, on va mal les opérer ». D’autant que l’ANSM n’a pas interdit les prothèses « anatomiques micro-texturées qui rendent une forme au sein » se félicite-t-il.
Que doivent faire les femmes porteuses d’un modèle visé par l’interdiction de l’ANSM ?
Compte tenu de la rareté du risque de survenue de de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC), l’ANSM ne recommande pas d’explantation préventive des implants macrotexturés et des implants à surface recouverte de polyuréthane.
Les femmes opérées ont reçu une carte avec les références de leurs implants, le numéro de série et le nom du laboratoire. Elles peuvent consulter la liste des implants interdits sur le site de l’ANSM.
Les patientes de la Clinique des Champs-Elysées qui souhaitent des informations complémentaires sont invitées à se rapprocher de leur chirurgien ou à nous envoyer un mail.
Nous rappelons que les femmes porteuses d’un implant mammaire doivent faire l’objet d’un suivi : examen clinique des seins annuel et exploration radiologique éventuelle adaptée.
A la moindre anomalie, elles doivent consulter leur médecin.