La chirurgie et la médecine esthétique explosent chez les Millennials
Une enquête IMCAS (Aesthetic Surgery & Cosmetic Dermatology) réalisée en début d’année révèle un résultat surprenant : Si les 35-50 ans restent les plus gros consommateurs de chirurgie esthétique et de médecine esthétique, il y a désormais en deuxième position les 18-34 ans qui passent pour la première fois devant les 50-60 ans. Il s'agit là d'une grande première !
Philippe Liotard, anthropologue, spécialiste de la transformation des corps et enseignant à l’université Claude Bernard Lyon 1 explique : « Construire son apparence est devenu quelque chose d’ordinaire aujourd’hui. Cela passe par le tatouage, le piercing et désormais la chirurgie plastique. L’apparence est un élément de la construction de soi, un soi désiré et non subi. »
Des méthodes moins invasives
Tracy Cohen, directrice de la Clinique des Champs-Elysées, confirme que la demande chez les jeunes augmente régulièrement de 20% par an. En médecine esthétique, les injections d’acide hyaluronique ou de toxine botulique et les appareils à base d'ultrason, de radiofréquence, etc. se banalisent et deviennent accessibles à tous.
Souvent indolores, avec des séances très courtes de 10 à 20 minutes, ces techniques ont un résultat visible immédiatement et sans effets secondaires. De plus, les prix sont plus abordables et attirent une frange plus jeune de patients.
Le Dr. Ascher, chirurgien plasticien, explique que « ces méthodes soft ont été initiées il y a dix ans, avec une accélération depuis cinq ans, et évoque « des progrès spectaculaires ».
Pour ce qui concerne les opérations de chirurgie esthétique, l'augmentation mammaire reste en tête devant la liposuccion, le lipofilling et la chirurgie du visage avec la blépharoplastie ou la rhinoplastie.
La mode actuelle est plutôt d’avoir des formes, lèvres pulpeuses, chute de reins bien galbée, des seins en bonnet D et des fesses très rebondies comme celles de la star américaine Kim Kardashian.
Le miroir déformant des réseaux sociaux
Cet attrait pour la chirurgie ou la médecine esthétique s’explique aussi par le reflet déformant que nous renvoient en permanence les réseaux sociaux et les influenceurs qui y règnent. Les réseaux sociaux offrent une multiplicité d’images possibles en termes d’apparence et chacun prend ce qui l’intéresse.
Facebook, Instagram, Snapchat « sont devenus une forme de vitrine où les gens se mettent en scène dans des stories, où les images règnent sans partage » Pascal Lardellier, professeur à l’université de Bourgogne. « Le métier de ces starlettes n’est pas de produire des œuvres mais de produire un idéal. On est passé de la téléréalité à la réalité-télé », poursuit-il.
Quand les applications et les logiciels de retouche d’image ne suffisent pas, les jeunes n’hésitent plus à franchir la porte des cabinets médicaux, pour demander à ressembler à leurs idoles ou tendre vers une image idéale d’eux-mêmes. Une attente qui n’est pas sans risque. « Les demandes sont parfois excessives car les femmes s’identifient à des stars qui n’ont pas la même morphologie qu’elles », met en garde le docteur Ascher.