La chirurgie esthétique pour garder son emploi
Par peur de perdre leur emploi ou pour être plus performants, de plus en plus de Français recourent à la chirurgie esthétique. Stéphane Béchaux, journaliste à l’Express, a fait une enquête sur cette nouvelle demande remarquée depuis quelques années par les chirurgiens dans leurs cabinets.
La beauté est un atout au travail
« Avant, les gens consultaient uniquement pour doper leur séduction, ou pour tenter d'apaiser des complexes personnels. Aujourd'hui, beaucoup s'inquiètent aussi pour leur travail. Avec l'âge, ils craignent de ne plus renvoyer une image de performance, de dynamisme. Ils viennent chez nous pour retrouver confiance en eux et rester compétitifs », observe Laurence Benouaiche, chirurgienne à Paris.
Des tendances lourdes laissent à penser que le recours à la chirurgie esthétique pour motif professionnel pourrait se banaliser. Parmi lesquelles l'allongement de la vie active, l'individualisation des parcours, le développement du marketing de soi sans oublier le culte du jeunisme.
Cette obsession de l’apparence concerne principalement les professions en représentation ou en relation avec la clientèle et concerne par exemple des cadres qui dirigent des équipes, des gérants de boutique, des commerciaux, des agents immobiliers, des profs de yoga, etc.
Les enquêtes, testings, sondages vont tous dans le même sens.
- Il y a des discriminations à l’embauche souvent liées à l’âge et à l’obésité.
- Quand on est beau, on fait généralement une meilleure carrière, on est mieux payé que quand on a un physique quelconque voire quand on est carrément laid.
- C'est moins la date de naissance inscrite sur un CV qui compte que l'âge que semble avoir le candidat sur la photo.
Les plus de 45 ans sont les plus concernés
La compétition professionnelle devient de plus en plus féroce entre les générations. « Autrefois, les jeunes qui entraient dans la vie active s'habillaient comme des vieux, pour avoir l'air crédibles, sérieux. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Les plus de quarante ans essaient de ressembler à de jeunes adultes », souligne la sociologue Barbara Carnevali.
Chez les femmes, « la dimension professionnelle est très imbriquée avec le personnel. Elles savent qu'être belles, s'entretenir, avoir bonne mine sont de vrais atouts dans le monde du travail », explique Richard Abs chirurgien à Marseille.
Chez les hommes, la volonté de se préoccuper de son apparence augmente avec le niveau de responsabilité. « Beaucoup de cadres supérieurs et de dirigeants de société font très attention à eux, ils veulent que leur visage renvoie l'image de la vigueur, de la puissance, pas celle d'un has been à l'air fatigué », témoigne la chirurgienne-dentiste Isabelle- Sabine Schwartz.